Kalyma (2012)
Invités : Sonia Wieder Atherton : Violoncelle // David Krakauer : Clarinette
Les chants des prisonniers sibériens méritent qu’on s’y attarde un peu plus en longueur.
C’est Noëmi qui aura fait découvrir au groupe l’incroyable histoire de cette sorte de « blues du goulag » né dans les confins peu riants de l’ex URSS. Elle aura emmené Antoine, Florent et Thierry, de sa voix de conteuse, sur les pas de Dina Vierny, l’une des rares privilégiées « de l’Ouest » à avoir été en contact direct avec les premiers rescapés, des prisonniers de droit commun rentrés de Sibérie pendant la période d’ouverture, sous Khroutchev. A Moscou, Dina Vierny, celle qu’on appelle la « muse de Maillol » entend ces chants emplis d’une terrible rage rentrée. Les apprend par coeur, pour que le monde sache-il eût été difficile de faire passer de quelconques enregistrements à la douane. Rentrée à Paris, elle pose sur bande ces morceaux-témoignages en une grande soirée, avec ses amis poètes russes déchus. Au passage, elle rajoute quelques arrangements légers, une guitare, une contrebasse, à ces voix nues.
C’est cet enregistrement, sorti sur vinyle en 1975 et présent dans la discothèque familiale, que va faire découvrir Noëmi à ses camarades, immédiatement conquis. Désormais, c’est sur scène qu’elle présente ces textes oubliés aux spectateurs, des textes de révolte à l’argot russe si poétique.
Le groupe, lui, s’approprie ces cris de révolte et d’espoirs (parce que le sourire reprend toujours le dessus) avec une formidable boulimie d’aventure, utilisant les idées musicales d’aujourd’hui pour les faire siens.